A l’aube des prochaines échéances électorales en Rd Congo plusieurs enfants sont visibles entrain soit de partager des photos des candidats et porter des effigies de ces derniers. Cet acte d’usage des enfants est décrié par plusieurs acteurs sociaux, humanitaires, nationaux et internationaux.

Un jour après le lancement de la campagne électorale en RDC, l’humanité a célébré la journée internationale de droit de l’enfant, comme il en est le 20 Novembre de chaque année en marge de l’adoption par les nations unies de la Convention Relative au Droit de l’Enfant du 20 Novembre 1989.

Çà et là sur le terrain en villes comme dans les campagnes, les manifestations publiques, meetings et carnavals des candidats sont observés. D’intenses activités de campagne qui mobilisent des foules. Hommes et femmes jeunes et vieux mais aussi des enfants ne sont pas du reste. « Certes le plus nombreux sont des personnes adultes mais dans la plupart des manifestations l’on constate des multiples enfants » constate Hervé Biansuka, acteur de la société civile de Goma. « Certains viennent spontanément d’eux-mêmes alors que d’autres sont attirés par des appels des équipes de campagne de leurs candidats » reconnait l’une des candidates conseillères municipales à Goma.

Certains acteurs sociaux travaillant dans la protection de l’enfant en République Démocratique du Congo ont identifié, sur le terrain, des risques éventuels des violations graves des droits de l’enfant pendant ce processus électoral.

Enfants abusés, victimes…

Les risques sont énormes pour ces enfants dans une région dont le coût de vie est devenu un casse-tête pour des nombreuses familles. Une situation délicate, qui contraint certains parents à laisser leurs progénitures à la merci des politiciens.

En quête des foules, quelques politiciens abusent de plusieurs manières des enfants. Ici chanteurs dans leurs marches et manifestations, là-bas porteurs des drapeaux et afficheurs des photos de campagne des candidats, ailleurs encore impliqués dans le boycottage et attaques des manifestations de leurs adversaires politiques s’exposant ainsi aux dommages collatéraux liés aux attaques éventuelles. Ce qui nourrir les craintes des défenseurs des droits de l’homme et surtout ceux des enfants.

« Certains enfants pourraient être impliqués dans des actes de violence et ensuite être exposés à la répression, arrestation et abus par les forces de l’ordre » interpelle Justin Vugu Vugu, adjoint à la protection de l’enfant de la Monusco. Et de poursuivre, « ces dernières pourraient assimiler des enfants innocents aux fauteurs des troubles ».

Conjonction d’efforts

Dans son approche de prévention et de lutte contre les violations graves des droits de l’enfant, la section protection de l’enfant de la mission onusienne développe des stratégies de sensibilisation de toutes les couches sociales pour l’implication de la communauté y compris les enfants afin de réduire les cas de violations graves pendant le processus électoral dans le contexte des conflits armés au Nord-Kivu.

« Nous travaillons avec nos partenaires pour que les enfants soient épargnés des violences électorales, car les années électorales passées n’ont pas été facile pour nous » confirme un cadre à la division femme et famille. « En 2018 nous avons vue certains candidats drogués des enfants pour les pousser à commettre des actes de vandalisme contre leurs adversaires. Certains enfants arrachaient les affiches des candidats, d’autres jetaient des projectiles sur leurs cortèges, etc… » s’inquiète ce cadre de l’administration publique.

Des véritables scènes déshonorant et inquiétant aux yeux même des familles et qui ne méritent pas être revues cette année. « Deux de mes jeunes enfants soudoyés par des candidats en 2018 ont été tabassés et contraints de passer trois et quatre semaines d’hospitalisation suite aux blessures subis dans des heurts avec des militants d’autres candidats » témoigne Mme Anastasie Lamama, aujourd’hui très stricte à l’égard de ces trois autres enfants mineurs d’âge.

« Certains de nos amis partent dans les manifs et meeting des candidats moyennant quelques sommes d’argent et ou à la recherche des biens. D’autres y vont de leur propre grès par souci de trouver un t-shirt, un képi, … mais moi je n’y vais plus depuis que j’ai vu l’un de mes compagnons tabassés et l’autre tamponné par un véhicule » témoigne le jeune Steeve (Ndlr nom choisi pour garder anonymat), 12 ans à peine qui a perçu à une manif 500fc.

Notons que la Loi N°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant à son article 57 alinéa 1 stipule que l’enfant a droit à la protection contre toute forme d’exploitations et des violences.

Okito Teme Papy

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