Gloire Asifiwe Bora est l’un des journalistes professionnels déplacés du territoire de Masisi, qui reside actuellement à Goma dans la province du Nord-Kivu. Jusqu’ici, il est journaliste reporter à la Radio communautaire pour la paix de Bashali, émettant de la cité de Kitshanga, une entité sous contrôle des terroristes du M23/RDF.
Ses débuts en journalisme sont à circonscrire durant l’année 2018. En cette époque, le journaliste marquait ses pas en tant que stagiaire dans l’animation à la Radio Blessing FM, un média bien connu dans la ville de Goma. Le but pour lui, était de se familiariser avec le monde médiatique. Il a participé dans des publicités « comiques » avec un certain aspirine.
Puis le stagiaire est revenu sur ses terres d’origine. Gloire Asifiwe a oeuvré au sein de certains radio clubs dont celui de Pole FM à Kitshanga. Durant cette aventure, le projet « Koika » de PNUD (Programme des Nations-unies pour le développement, Ndlr) a marqué un pas clair dans l’avenir de l’animateur. Les habitants de la région ont plaidé pour qu’une radio soit installée à Kitshanga, au cours de l’année 2021. Depuis cette époque, il exerce en tant journaliste reporter (2 ans déjà qu’il s’est engagé dans la carrière).
La génèse de sa carrière dans le media a constitué ses premiers obstacles. Gloire Asifiwe devrait dans un premier temps, se battre pour faire accepter sa nouvelle casquette de « Journaliste reporter » auprès du public et autres confrères pour qui, il représentait plus un animateur et un comédien qu’un journaliste reporter. « Je devais d’abord me laver de cette casquette d’animateur et d’un comédien ».
Pour y arriver, Gloire Asifiwe est passé par une série de formations, de renforcement des capacités. Ce qui lui a permis d’avoir sa casquette actuelle. Après ces étapes, il a fait ses preuves pour se faire accepter en tant que journaliste.
Le périple Masisi-Goma, un calvaire tout tracé et difficile à oublier
Le départ du territoire de Masisi pour réjoindre la ville de Goma, n’est pas un fait volontaire : la guerre a sa part de responsabilité. Gloire Asifiwe et sa famille ont parcouru au moins 289 kilomètres à pieds durant deux jours de voyage. Sur le chemin, les entités Kalembe, Malemo, Pinga, le grand Walikale dans le Mutongo, Maniema, Nyabiondo, Masisi centre, Sake et plus tard, Goma dans les heures tardives du deuxième jour de marche.
Entre vulnérabilité en toute attaque et crainte de se faire tirer par des porteurs d’armes, le journaliste et sa famille ont franchi le grand pas. Plus tard, le défi culturel fera son entrée.
Défis à Goma pour les journalistes professionnels déplacés
Depuis plus d’une année, la première et grande difficulté demeure l’adaptation. Le journaliste Gloire Asifiwe ne savait pas à quel saint se vouer en ce qui concerne des stratégies de survie en dehors du journalisme (principal) pour subvenir aux besoins familiaux. Ce terrain demeure nouveau, et exige une readaptation des stratégies pour survivre.
Vivre dans la ville de Goma, est devenu forcé, une obligation, une contrainte qui ne recquiert aucun avis contraire si l’on tient à sa vie tant pour les journalistes déplacés que d’autres populations, ayant fui leurs entités à cause de la guerre. « Depuis qu’on est ici, on ne vit que des cascades. On se réveille le matin, on va débrouiller. Que Dieu exauce ou pas, on est obligé de rester ici à Goma », explique Gloire Asifiwe.
Il faut se battre pour survivre. À ceci, le journaliste a deux enfants, qui n’étudient pas et pire, les centres éducatifs installés dans certains camps et sites de déplacés ne fonctionnent plus, en raison du manque de financement. Le journaliste rapporte que le moyen n’est pas permanent pour vivre heureux dans leur réfuge.
Gloire Asifiwe craint pour ses deux enfants
Âgé de 27 ans, Gloire Asifiwe vit dans la peur, que ses deux enfants n’encaissent des souvenirs douloureux. « Ma peur est que mes enfants aient de mauvais souvenirs ». Le premier à 5 ans et le second est jusque-là trop gosse.
Cette guerre s’allonge depuis des années et la peur est que cette situation soit perpetuelle pour chaque génération. « Je suis né dans les conflits, j’ai grandi dans la guerre », s’attriste le journaliste. « Et cette guerre continue à me poursuivre », s’alarme Gloire Asifiwe ». Ses enfants qui n’ont pas jusque-là développé l’esprit de résilience, « ils auront un échec dans leurs vies », s’étouffe-t-il au sujet de tous les enfants nés dans cette tragédie humaine, dont ses deux enfants font partie intégrante.
Gloire Asifiwe Bora encourage le gouvernement à prendre en compte le sens patriotique de tous les déplacés dont des journalistes, en fournissant une aide d’urgence à toutes les personnes massées dans des camps et sites des déplacés.
« D’autant plus que nos stations ont été vandalized et que nous avons fui sans matériels, je sollicite que nous soyons renforcer en matériels de production pour que nous poursuivions notre travail en attendant le retour de la paix », appelle le journaliste déplacé.
Signalons ici que depuis la résurgence du M23/RDF, plus de quatre-vingts journalistes professionnels s’étaient déplacés de leurs entités dans les territoires de Rutshuru et de Masisi vers la ville de Goma et d’autres avaient pris la direction du territoire de Lubero. L’Union nationale de la presse, section du Nord-Kivu a lancé depuis le début du mois de mai 2024, un appel à la solidarité et à l’action en faveur de ces journalistes, pour faciliter leur survie dans leurs milieux de déplacement.