Contribuer au renforcement de la cohésion sociale entre les communautés déplacées et les communautés hôtes dans la zone, c’est l’objectif d’un atelier organisé ce mercredi 21 février Goma. Ces échanges ont tourné sur l’analyse participative de la situation sécuritaire des journalistes professionnels déplacés et ceux présents dans les zones de guerre.
Plusieurs points ont été soulevés à l’instar des conditions sociales et professionnelles de ces personnes, qui ont été contraintes de fuir leurs entités.
Organisé par le consortium Unpc-Coracon-Remed et Jed, cet atelier a consisté à relever toutes les difficultés auxquelles font face ces professionnels de médias depuis la fin du projet d’appui à leurs productions journalistiques au mois d’août 2023.
« Le consortium s’est mis ensemble pour évaluer les besoins des journalistes déplacés », a expliqué Jacques Vagheni, coordonnateur du Collectif des radios et télévisions communautaires du Nord-Kivu, CORACON.
Parmi ces défis, ils ont évoqué les restrictions de liberté d’expression liées au contexte de guerre, la suspension de certains programmes radios dont le relais avec Top Congo, des menaces physiques que subissent les journalistes, l’obligation de travailler suivant les injonctions dans les zones sous contrôle du M23/RDF et des interventions intempestives des terroristes dans certaines radios.
Cependant, les mécanismes d’encadrement avaient déjà été amorcés, notamment au travers du projet Sauti ya wahami.
« Aujourd’hui, comme la situation reste toujours tendue, nous avons fait une nouvelle évaluation de leur situation socio-économique », a indiqué Jacques Vagheni. Il a ajouté que comparativement au contexte actuel, des actions concrètes à mener ont été identifiées par les journalistes professionnels déplacés et le consortium, pour arriver à un accompagnement.
« Les journalistes ont proposé la relance du projet Sauti ya wahami, qu’on leur dote des éléments qui permettront de les identifier et une formation sur les Activités génératrices des revenues qui leur permettront d’avoir d’autres sources des revenues », explique Jacques Vagheni.
Nielsen Witanene, Directeur pays de la Bénévolencija Grands lacs remercie le consortium pour ce regard accordé sur le vécu des journalistes professionnels déplacés. « Nous saluons le consortium pour avoir encore pensé sur l’évaluation du contexte dans lequel les médias travaillent dans les territoires de Masisi et de Rutshuru », se félicite le Directeur pays de la Bénévolencija Grands lacs.
Pour lui, cette séance a permis de faire un état de lieu dans les zones encore sous les bruits de botte, avec le souci d’entrer en contact avec les besoins exprimés par les journalistes professionnels déplacés venus de cette région.
Rappelons que depuis le 4e trimestre de 2022, les affrontements entre les rebelles du M23 et les FARDC ont provoqué des mouvements des populations, affectant ainsi profondément la sécurité des journalistes.
Préoccupées, les organisations des journalistes (UNPC, REMED, CORACON et JED) appuyées par LABENEVOLENCIJA GRANDS LACS ont mis en place un consortium pour encadrer et accompagner les journalistes déplacés dans la production et diffusion des messages de cohabitation pacifique et ceux de la santé, hygiène, eau, assainissement dans les sites des déplacés au travers www.sautiyawahami.org.
Au 2e trimestre de 2023, les journalistes déplacés et les membres du consortium ont jugé la situation sécuritaire des zones de provenance des journalistes relativement calme, permettant de lancer la troisième phase du projet de stabilisation et d’appui au retour des journalistes déplacés de Rutshuru, Masisi et Lubero au Nord-Kivu et qui avait démarré le 1er juin 2023, faisant suite à la première et la deuxième phase qui ont été mises en œuvre de novembre 2022 à mai 2023.
Depuis novembre 2023, mois de la campagne électorale en RDC, le M23 et les FARDC ont repris les affrontements. Les FARDC bénéficient du soutien des groupes d’autodéfense dits Wazalendo et les armées de la SADC, venues en remplacement des forces de l’EAC.